Kawtef : le film du surveillant qui exigeait des massages sexuels aux élèves

Surveillant à l'institut «Imam Demba Gadiaga» de Malika Plage, Moustapha Diouf, 20 ans, exigeait des massages sexuels aux pensionnaires. Pour le moment, quatre victimes présumées, âgées entre 10 et 11 ans ont été identifiées et entendues sur pv par le commissariat d'arrondissement de Malika. Quant au mis en cause, il a été écroué jeudi 3 février pour attentat à la pudeur, actes contre nature, détournement de mineurs et viols commis sur des mineurs de moins de 13 ans par personne ayant autorité et pédophilie.

Selon les informations de Libération, le parquet de Pikine-Guédiawaye a requis dans sa déposition : l'ouverture d'une information judiciaire pour actes contre nature, attentat à la pudeur, détournement de mineurs, viols commis sur des mineurs de moins de 13 ans par personne ayant autorité pédophilie contre Moustapha Diouf, âgé de 20 ans et surveillant au  «Imam Demba Gadiaga» de Malika Plage. Jeudi 3 février, ce dernier a été écroué pour ces chefs par le juge du premier cabinet.

Tout a commencé lorsque M.S.G,  âgé de 10 ans et élève coranique sous le régime internat, a alerté sa maman concernant les agissements du mis en cause qui lui aurait exigé un massage sexuel. Il n'en fallait pas plus pour que sa mère, T.F, saisisse le commissariat d'arrondissement de Malika qui a cueilli Moustapha Diouf. 

Aux enquêteurs, T.F fait une précision : «Je n'ai aucune intention de créer des ennuis judiciaire  jeune Moustapha Diouf avec qui j'étais très proche. Je me confiais à lui concernant l'éducation de mon fils et à chaque fois que je voulais avoir des nouvelles de celui-ci, j'appelais sur son téléphone pour qu'il me le passe. Je veux simplement qu'il cesse ce genre d'acte sur mon fils et qu'il ne fasse pas ça à d'autres enfants.»

M.S.G, 10 ans :

 Il m'a demandé de saisir son sexe et le masser avec le beurre de Karité

Ce que T.F ne savait pas encore, c'est que Moustapha Diouf avait déjà fait ça à d'autres enfants. Comme le confiera son fils M.S.G dans sa déposition : «J'ai débuté mes études coraniques à Cambérène. Il y'a trois ans, ma mère m'a inscrit au Daara d'Oustaz Issa Laye Gadiaga de Malika Plage. Je suis le régime internat et je rentre chez moi lors des fêtes de Korité, Tabaski et l'Appel de Seydina Issa Laye. Pour en venir aux faits, il y'a environ deux mois, un jour de jeudi, alors que nous revenions de l'entrainement Moustapha Diouf m'a invité dans sa chambre pour me demander de lui faire un massage, vers 23 heures. Il s'étai déshabillé et m'a remis une pommade en Karité, me sommant de masser tout son corps. Je me suis exécuté et pendant le massage j'ai voulu éviter ses parties intimes. Il m'a demandé de saisir son sexe et de le masser avec le beurre de Karité. A un moment, il m'a dit d'arrêter et m'a demandé d'aller me laver les mains. Il a réitéré son acte un autre jour et j'ai été encore contraint de lui masser son sexe. Ne pouvant pas garder le secret pour moi-même j'en ai parlé à mon camarade L.M et celui-ci m'a avoué qu'il a été aussi contraint de faire le même massage à Moustapha Diouf. Le bruit a couru et deux autres talibés en l'occurrence M.A.A.N et D.F ont été révélé avoir été victimes des agissements de Moustapha Diouf. Depuis lors, je suis traumatisé par l'idée d'être encore contraint à faire ça. Je suis sorti du Daara, j'ai emprunté un téléphone et j'ai informé ma mère ».

Devant les policiers, Moustapha Diouf a soutenu que ces accusations résulteraient d'une cabale ourdie par M.S.G qui voudrait simplement quitter le Daara. «Je lui avais même dit que s'il fuguait, je saurai où le retrouver », s'est-il défendu.

D.F, 10 ans : 

J'ai été contraint de le masser à trois reprises et la dernière fois il m'a intimé l'ordre de lui sucer son sexe

N'empêche, un autre pensionnaire du Daara, D.F, 10 ans, a enfoncé le mis en cause : «Un jour alors que nous dormions dans notre chambre réservée aux talibés, Moustapha Diouf est venu me réveiller pour me demander de le suivre dans sa chambre. Je l'ai suivi sans arrière-pensées. Une fois dans sa chambre, il s'est déshabillé et m'a remis une pommade de Karité. Il m'a sommé de lui masser tout le corps et je me suis exécuté. Pendant que je le massais, il m'a dit de saisir son sexe. Après avoir fini, il m'a demandé de me laver les mains et m'a intimé l'ordre de ne le dire à personne d'autant que selon lui personne n'allait me croire. Il m’a obligé à le masser à trois reprises et la dernière fois il m'a intimé l'ordre de lui sucer son sexe ».

A.N, 11 ans : 

Il me réveillait toujours dans mon sommeil et une fois dans sa chambre, il fermait la porte à clé et se déshabillait 

Une autre victime présumée, A.A.N, 11 ans, a fait presque la même déposition : «Il m'a invité à trois reprises dans sa chambre pour m'obliger à lui masser son sexe. Il me réveillait toujours dans mon sommeil et une fois dans sa chambre, il fermait la porte à clé et se déshabillait. J'hésitais toujours à toucher sexe en le massant mais il m'y obligeait. Il me demandait de lui masser doucement sexe.». C'est le même supplice qui était infligé à L.M qui a le même âge qu'A.N.

Le directeur de l'institut aux  policiers : 

Je suis à la fois choqué et surpris.

Interrogé comme témoin par les  policiers, Seydina Issa Gadiaga le directeur de l'institut Imam

Demba Gadiaga n'a pas manqué d'exprimer sa douleur et son choc face aux évènements : 

Je tenais à préciser que le sieur Moustapha Diouf est un des deux surveillants que j'ai engagés dans le Daara. Il n'est pas maître coranique. Son rôle se limite à veiller à al  sécurité des pensionnaires surtout pour les sorties et les rentrées des élèves. Sur les circonstances des abus sexuels je peux simplement vous dire que je suis à la fois choqué et surpris des faits. Je ne pouvais jamais imaginer que ces genres de pratiques puissent exister dans mon Daara. 

En tant que tuteur des autres talibés, c'est d'ailleurs Seydina Issa Gadiaga qui a informé les parents des autres victimes qui, entendus, ont réclamé Justice.

Avec le journal Libération 


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