"Mieux qu'une 3e Vox, le Sénégal a besoin d'une 3e Voie " | Par Thierno DIOP

La vie politique sénégalaise a souvent été régie par le mode de la bipolarisation entre deux grands gladiateurs. De 1948 à 1958, ce fut entre Me Lamine Gueye et Léopold Senghor. Il y eut ensuite l’éclipse du « Parti unique de fait » à partir de 1963. 

Mais dès le multipartisme limité, le duel opposa Me Abdoulaye à celui qui incarne le destin du Parti socialiste. Avec le démembrement du Pds, ce fut Idrissa Seck, puis Macky Sall, les principaux adversaires du fondateur du parti libéral. Wade lui-même étant produit de l’Union progressiste sénégalaise (Ups), ancêtre du Ps, on peut en déduire que cette bipolarisation suit le processus de décomposition de l’ogre socialiste, de 1948 à 2012. 

L’aventure du Pai et du Pra-Sénégal ayant fait long feu, à cause du monolithisme d’Etat sous Senghor, pendant tout ce temps, des leaders ont tenté d’imposer une voie anti-systémique de Cheikh Anta Diop à Ibrahima Fall, en passant par Mamadou Lo (1993), Cheikh Abdoulaye Dièye (1998) Mademba Sock (2000), Cheikh Bamba Dièye (2007)…

Un certain Ousmane Sonko viendra théoriser « l’anti-système », mais ses connexions douteuses avec des membres du système, depuis le temps où il était inspecteur des impôts, ne militent pas en sa faveur. Qui plus est, son discours souffre d’une discordance cognitive. Il s’offre des accointances sulfureuses avec des ONG comme OXFAM, dans un contexte où les ressources pétro-gazières du pays de la Teranga aiguisent les appétits des néo-colons, tout en se posant en rempart contre l’impérialisme occidental. L’affaire Adji Sarr, en attendant l’éclatement de la vérité, semble prédisposer à déshabiller un présumé parangon de vertu. 

Ces derniers temps, le débat politique a été tellement pollué par les pestilences du salon de Sweet Beauté sur fond de guerre des audios en plein Ramadan que même votre humble serviteur préféra donner sa langue au chat. Plus on avançait dans ce débat, plus ceux qui prétendaient nettoyer les écuries d’Augias tombaient les masques, au point de se reconvertir dans la religion de Mollah Morgun, ultime rempart à leur rescousse face à la petite Adji Sarr. 

Toutes choses qui font que l’avènement de cette coalition est une bonne nouvelle pour la démocratie sénégalaise. Pourquoi pas un recentrage sur les valeurs sénégalaises, loin des insulteurs d'une certaine "jeunesse malsaine"  psychologiquement conditionnée à prendre le loup pour l'agneau et qui devient elle-même agnelle du sacrifice dans un combat qui n'est pas le sien ? Y a de quoi nourrir l’espoir de cette jeunesse consciente, avec Thierno Alassane Sall (devenu célèbre pour avoir fait montre de transparence en tant que ministre en charge du Pétrole), Ibrahima Hamidou Dème (le visage d’une justice qui se veut indépendante et libre), Thierno Bocoum ( à la pratique parlementaire proverbiale), Dr Abdourahmane Diouf (Mieux armé pour appréhender les méfaits d’une économie extravertie sous Macky Sall, grâce à son passage au Conseil des investisseurs du Sénégal), Cheikh Oumar Sy (à la pointe du combat contre la prédation foncière). 

Toute la question est maintenant de savoir si les Sénégalais ont réellement besoin d’un changement d’hommes, de méthodes et de structures, par–delà les discours sur le changement qui s’accommodent paradoxalement des pratiques aux antipodes de la vraie rupture.

Par Thierno DIOP

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