« CLEANING DAY – Macky invité à balayer devant sa propre porte » | Par Thierno DIOP

« Toute philosophie est fille de son temps ». Macky Sall est invité à relire Hegel. On ne peut pas gouverner le Sénégal en 2022 avec les codes du « Parti unique » de Léopold Sédar Senghor.

Malheureusement, les survivances têtues de ses premières amours politiques maoïstes structurent la démarche du président de la République, qui ne s’accommode pas d’adversité. Il a commencé par appliquer cette « dictature du chef » à l’Apr, régie par le régime de la « structuration horizontale », pour inhiber toute ambition parmi ses lieutenants.

Conséquence, de Pikine à Keur Massar, y a que des querelles de préséance dans cette armée mexicaine. Macky Sall doit comprendre que l’Apr est programmée à disparaitre avant 2024, puisque ce parti, à l’obscure appartenance idéologique, qui se réclame d’un « libéralisme-social » fourre-tout, n’a jamais été qu’une machine électorale, sous le mode du « Mbourou ak sow » pour ne pas dire du « Djakhassé mélangé » communistes, libéraux, socialistes et autres montres idéologiquement inclassables qui s’arrangent toujours pour être avec le Prince du moment…

Au lieu de maintenir ce grand corps malade sous perfusion de la transhumance, il faut créer un grand parti sous le mode sous lequel Me Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor ont uni leurs destins pour fonder l’Ups en 1958. C’est ce que la Droite française fit pour sa survie, en créant l’Ump. Comme cela, le « Pds historique » (opposé au Pds new look de Karim Wade) pourra se retrouver derrière Idrissa Seck en direction de 2024.

Me Wade lui-même, en 2010, en activant Farba Senghor pour distribuer les cartes de membre, songea à fonder un nouveau parti le Pdsl, sur les cendres d’un Pds atteint de vieillesse, mais l’idée fit long feu. C’est le moment de ressusciter ce Pdsl-là par fusion de Rewmi, Apr, et autres partis fondés qui par Modou Diagne Fada, qui d’autre par Oumar Sarr et Cie ou encore Me Souleymane Ndéné Ndiaye, Samuel Sarr…Tous tant qu’ils sont membres de la majorité actuelle.

Autre chose : on dirige un peuple par ses qualités et non par ses défauts, principalement la transhumance visant à établir un monolithisme d’Etat qui était le marqueur de l’Ups, lorsque les partis fondés par Cheikh Anta Diop étaient dissouts, systématiquement et des opposants de la trempe de Majmouth Diop exilés.

Même aux heures chaudes de la bipolarisation entre le Ps et le Pds, Me Abdoulaye Wade participait systématiquement aux élections. C’est après les élections que le pape du Sopi était arrêté pour ensuite être libéré passée la période couverte par les contentieux post-électoraux. Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, en pareilles occurrences, ont gouverné ensemble le Sénégal et feraient la même chose si le Covid et les latéralités de la crise entre la Russie et l'Ukraine avaient coïncidé avec leur duel âpre ; sauf que sous Diouf, les opposants ne croupissaient pas en prison pendant trois longues années comme ce fut le cas avec Karim Wade.

En fait, c’est parce que la mise à l’écart de Khalifa Sall, suivant un processus enclenché depuis le référendum de 2016, est un précédent malheureux que – chat échaudé craint l’eau froide- l’on ne comprendrait pas que l’on éjecte Barthelemy Dias de son fauteuil de maire de Dakar.

Sur un autre registre, il est vrai que les démocrates de ce pays souffrent des insultes sur les réseaux sociaux portés par des Machiavel tropicaux, mais aucune velléité dictatoriale ne doit pousser à restreindre le champ de la liberté d’expression. L’Etat, qui a le monopole de la violence légitime, peut bel et bien traquer les insulteurs et les punir, sans préjudicier aux libertés publiques, selon le bon vouloir du Prince.

On ne parle plus de NTIC - Nouvelles technologies de l’information et de la communication - , on parle maintenant de TIC, tout simplement. Internet n’est plus une nouveauté, il suffit d’être proactif pour accompagner cette dynamique de changement. Sinon, on subit les externalités négatives de ce changement.

Malheureusement, ceux qui, en embrigadant des journalistes croyaient tenir leurs « dames de compagnie », pour fonder une garde prétorienne à leur rescousse, sont incapables d’endiguer cette vague.

Dans une démocratie digne de ce nom, le respect de l’agenda républicain est articulé à une loi d’Airain. Par-delà les excentricités via les réseaux, quel message renvoie-t-on de cette démocratie sénégalaise, lorsque le peuple souverain ignore si Macky Sall sera candidat ou pas en 2024 ?

P.S. : des Karimsites ont marché ce vendredi à Guédiawaye pour la « libération totale » de leur leader, près de trois ans après les retrouvailles de Massalikoul Jinaan. Est-ce à dire qu’en direction de la prochaine présidentielle, Wade-fils et Khalifa Sall seront encore écartés, malgré l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat au lendemain de sa réélection ? Pour donner plus d’ampleur à la question, Macky veut-il faire le vide pour candidater encore en 2024 ? Tout porte à le croire ! Quand bien même mon optimisme : c’est incongru de théoriser le respect des constitutions en qualité de président de l’Union africaine et ne pas observer cette dialectique règlementaire chez soi ! Charity begins at home, comme disent les Anglais !

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