Elisabeth Borne nommée première ministre française, deuxième femme de l’histoire à ce poste

Trois décennies après Edith Cresson, seule femme à avoir dirigé le gouvernement français, l'ex-ministre du Travail devra incarner la majorité qu’Emmanuel Macron veut conserver aux élections législatives de juin

Après trois semaines d’attente, trois conseils des ministres chacun présenté comme le dernier , la fumée blanche est enfin apparue au Palais de l’Élysée. Emmanuel Macron y consultait dans le plus grand secret depuis son élection afin de monter un gouvernement dont il espère qu’il incarnera la ligne de son second mandat et de la majorité qu’il veut conserver aux élections législatives de juin.

Trois décennies après Edith Cresson, seule femme à avoir dirigé le gouvernement français (de mai 1991 à avril 1992), ce sera donc Elisabeth Borne, jusqu’ici ministre du Travail, qui occupera l’hôtel de Matignon, résidence officielle du premier ministre français. Elle succède à Jean Castex qui a largement fait savoir qu’il était pressé de s’éloigner un temps du monde politique et qui a remis sa lettre de démission ce lundi vers 16h au président de la République.

Le résultat de l’élection présidentielle et l’atmosphère négative de la campagne imposaient un ajustement de la majorité. Emmanuel Macron avait fait savoir qu’il voulait un chef de gouvernement «attaché à la question sociale, à la question environnementale, à la question productive». Le choix était d’autant plus attendu que le chef de l’Etat a promis de changer de méthode et de prendre en compte la colère exprimée au cours de son premier mandat, notamment par les gilets jaunes.

Elisabeth Borne se présentera par ailleurs aux législatives dans le Calvados, elle qui ne s’était jamais présentée à une élection jusqu’ici.

Loyale, au service de l’Etat… et du président

Ingénieure polytechnicienne, ancienne préfète, elle est une fidèle de la première heure qui n’apportera sans doute pas beaucoup de voix supplémentaires de gauche, d’où elle vient, mais qui illustre le choix de la sécurité pour un président qui semble vouloir garder seul les rênes de son camp. Profil plutôt consensuel, elle a commencé sa carrière politique du côté socialiste en dirigeant notamment le cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’écologie. Une coloration qui peut séduire dans ce contexte de colères populaires même si Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont sauté sur l'occasion pour la qualifier de figure du «saccage social» pour la première et de la «maltraitance sociale» pour le second.

Mais elle a surtout brillé par sa carrière de haut fonctionnaire, entre autres à la tête de la RATP, les transports publics parisiens. Et aussi par son ralliement précoce à Emmanuel Macron, qui l’a recentrée. Avant d’être ministre du Travail sous Jean Castex, elle a aussi été ministre des Transports et ministre de la Transition écologique sous Edouard Philippe. Un CV idéal pour gérer les réformes des retraites et climatiques qui promettent d’être les plus suivies des prochains mois. Loyale, au service de l’Etat et du président, elle a effectivement mené les réformes difficiles de l’assurance chômage et de la SNCF au cours du premier quinquennat macronien. Son expérience avec les syndicats dans le cadre de ces négociations et à la tête de la RATP aura certainement joué dans ce choix.

La nomination d’Elisabeth Borne confirme donc une présidentialisation toujours forte du régime français. Peu influente politiquement jusqu'ici, plutôt technocrate, elle ne sera probablement pas la cheffe toute puissante de la majorité en campagne, rôle qu’Emmanuel Macron a d’ores et déjà pris en menant la présentation des candidats de son mouvement. On attend donc plutôt une nouvelle première ministre qui se concentre sur la gestion des affaires, au service du président de la République réélu. Une mission qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain… Jean Castex.

LE TEMPS

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