« Une question de Vues ou de Mort » | Par Thierno DIOP

Comment en est-on arrivé là ? Un IDIOT avec des AUDIOS fictifs qui tient en otage tout un peuple pendant des semaines ! On ne dira pas que la montagne a accouché d’une SOURIS, mais Mollah a accouché d’un SOURIRE. Ris bien qui rira le dernier ! Votre serviteur doit bien rire sous cape pour avoir très tôt démasqué cet inspecteur Colombo des temps nouveaux, sur le plateau de Seneweb,.

Pourtant, ce n’est pas drôle tout ce bataclan voisin de la tragédie du Roi Catastrophe. Le bouffon aux fameux audios n’est en réalité que la mascotte d’une certaine manipulable et victime de l’échec des politiques publiques pour améliorer le sort de cette partie de la population, dans une Afrique qui affiche un âge médian de 19,7 ans avec 1 milliard de jeunes de moins de 35 ans. Cette jeunesse, victime de la corruption des élites, tous régimes confondus, de Senghor à Macky, jeunesse qui « dans le ventre de l’Atlantique », sombre dans le désespoir, et qui saisirait tout bouée de sauvetage pour sortir de cet océan d’angoisse.

Déjà, dans l’immédiat Post-guerre froide, le vent nouveau de la Baule soufflait à éteindre le feu du communisme qui servit de levain à l’esprit de « Mai68 ». L’esprit de 1988 sera à son tour éteint par « l’entrisme » sous forme de retrouvailles entre Abou Diouf et Abdoulaye Wade. Ainsi, au lendemain de la dévaluation du F Cfa, de l’année académique invalidée en 1994, dans les abysses des politiques d’ajustement structurel aux contre-coups socio-économiques néfastes, cette jeunesse sénégalaise a importé le HIP HOP pour repenser le monde. L’espoir renaquit avec l’Alternance de 2000 et la promesse de plein-emploi que ce changement charria.

Mais quelques années plus tard à Pikine, zone de focalisation du chômage, en 2008 précisément, le pape du Sopi avoua, morgue dans le propos, l’échec de sa politique d’emploi. Y’en a marre verra le jour quelques années plus tard, sur fond de théories du complot.

Toutefois, d’aucuns croient savoir que ce mouvement nourrit des connexions douteuses avec des forces impérialistes hostiles au « panafricanisme » théorisé par Me Abdoulaye Wade, dans le viseur de l’Occident et la proximité avec le bailleur Gorge Soros légitime toute suspicion, à cet égard.

On est loin de ce paradis perdu du premier âge, quand le hip hop nourrissait bien son homme, à la fin des années 90. Le groupe Jant Bi vendait à hauteur de 77 000 exemplaires et les prestations suivaient le rythme. Ce qui se concevait bien s’énonçait clairement et les mots pour le dire arrivaient aisément, les rappeurs étaient des interprètes adulés et adorés. Loin du Gangsta rap américain qui emporta Tupac, les artistes sénégalais qui tropicalisèrent cette musique voisine du « tassou » arrivèrent à conscientiser les masses.

A partir du milieu des années 2005, à la faveur de l’émergence de nouveaux moyens de diffusion, les ventes diminuent, hélas. On note également une désaffection du public, car tout nouveau tout beau, ce n’est plus l’engouement des débuts. De plus, les textes devenaient de plus en plus pauvres. L’INSTRUMENTAL éclipsait le MENTAL. Qui plus est, bien des précurseurs s’exilent à la recherche de l’eldorado.

C’est au lendemain du FESMAN à Dakar au nadir des années 2010 que les rappeurs se rendront compte que les temps n’étaient plus roses. C’est dans ce contexte que naquit Y’en a marre. Depuis lors, des rappeurs se reconvertissent activistes, et ce n’est souvent qu’un faux-nez pour marcher sur les plates-bandes des politiciens. Pis, l'affaire du trafic de visas, qui éclaboussa Y'en a marre, dévisage complètement nos activistes.

Par Thierno DIOP

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