«Si j'emprunte le langage de la lutte , on peut dire que le virus est sur 3 appuis» dixit Dr Alioune Badara LY

Les experts avaient prévenu depuis la deuxième quinzaine d'août, la troisième vague est révolue. Une tendance confirmée par le bulletin de ce mercredi. C'est la première fois que le Sénégal annonce une contamination zéro. 

Au plus creux de la vague. Dans son bulletin quotidien sur l'évolution des contaminations au Covid, le ministère de la Santé n'a déclaré aucun cas positif. Une première de- puis l'apparition de la maladie au Sénégal en mars 2020. Même si pour le directeur du Centre des opérations d'urgence sanitaire, ce résultat aurait pu être obtenu bien plus tôt. « Depuis plusieurs semaines, on tournait autour de quatre cas aussi bien au niveau de Dakar que dans les régions. La capitale qui totalisait en général le plus grand nombre de cas, n'a comptabilisé que 18 cas toute la semaine dernière. Il y a une quinzaine de jours, nous n'avions eu que 2 cas qui concernaient des voyageurs sortants. C'est le type de situation qui a longtemps empêché le compteur de tomber à zéro », commente Alioune Badara Ly. 

La courbe épidémiologique connaît depuis la deuxième quinzaine du mois d'août une tendance baissière. Après un pic ravageur de plus de 6 ooo cas à la semaine 28 et 119 morts à la semaine 32, la courbe n'a cessé de plonger et dans le dernier rapport de situation sur la pandémie, les données ne faisaient état que de 39 nouveaux cas confirmés sur tout le territoire à la semaine 40..Des résultats qui s'expliquent en partie par une immunité naturelle qui s'est installée suite à la forte circulation du variant Delta entre les mois de juillet et d'août. 

Docteur Alioune Badara Ly : « Si j'emprunte le langage de la lutte, on peut dire que le virus est sur 3 appuis. On ne va pas continuer à avoir ce zéro, mais le plus important, c'est de voir que la transmission est très faible au niveau du Sénégal, c'est la leçon qu'on doit tirer. Nous sommes dans une fenêtre d'opportunités, c'est le moment de renforcer les efforts. Que tous les Sénégalais continuent les efforts pour aller se faire vacciner ». 

«Ce qui fait la différence est que les pays qui parlent de 3e dose de vaccination sont autosuffisants» 

Outre la combinaison de plusieurs facteurs comme l'immunité naturelle et l'apparition des tests rapides, la campagne de vaccination joue un rôle important dans la riposte. A la date du 11 octobre, le Msas a rapporté un cumul de près de 2 millions de doses administrées (1 828 176). Une donnée qui, bien qu'encourageante, est pourtant encore loin d'être suffisante. 

Pour que la vaccination puisse avoir un impact conséquent sur T'épidémie, il faut qu'au moins, 50 % de la population adulte soit vaccinée. Avec une troisième vague révolue, l'enthousiasme suscité par la vaccination s'est estompé. 

Ce qui inquiète le directeur du Cous : «Il y avait eu un fort engouement au plus fort de la 3° vague, mais la peur ayant probablement disparu, il y a eu un engouement moins important. Pour inverser la tendance, il faut susciter l'offre de vaccination et le ministère de la Santé travaille à cela.» Sur la table des experts, une autre réflexion qui a cours : la possibilité d'une troisième dose de vaccin. Diverses analyses de l'évolution dans le temps de la protection accordée par les vaccins contre le virus, ont montré une augmentation du risque d'infection par le Covid au-delà de 6 mois. suivant une vaccination complète. 

En particulier chez les personnes de plus de 65 ans. «Ce qui fait la différence est que les pays qui parlent de 3° dose de vaccination sont autosuffisants. Ce n'est pas le cas au Sénégal, donc nous devons adapter notre stratégie de vaccination à nos disponibilités. Nous encourageons à ce que les gens prennent déjà leur 2e dose », tranche le docteur Ly. 

Pour l'heure, le Sénégal penche plus sur la vaccination des jeunes enfants.

L'Observateur

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